Autour de Mirko Le Petit Duc - Il Piccolo Duca |
De Mirko chez les turcs
A l'image de nombreux héros italiens tels Blek le Roc, Tex Willer, Cap'tain Swing et bien d'autres, Mirko a également eu son heure de gloire en Turquie.
En effet, dans les années cinquante, l'histoire du Petit Duc a été reprise dans ce pays, friand de héros de papier et grand éditeur au noir de semblables publications. Les diverses bd étaient publiées sans accord ni de l'auteur, ni de la maison d'édition d'origine. Les turcs ont même fait des films ou feuilletons sur quelques-uns de ces personnages mythiques dont le plus célèbre chez eux sera Cap'tain Swing.
Cependant, je ne sais si
la copie de Mirko s'est faite à partir de l'histoire française
(Le Petit Duc) ou de celle italienne (Robin) car, habituellement, les plagiaires
utilisaient directement les fumetti italiens.
Or, ainsi que vous le voyez ci-dessous, Mirko est devenu "Prince Aslan",
donc avec un titre de noblesse, comme son équivalent français.
Cette information vraiment
surprenante et à laquelle je ne m'attendais nullement m'a été
fournie en avril 2007 par Dominique Yvon (auteur d'ouvrages sur Blek le Roc
et Tex Willer) qui l'a lui même apprise, m'a-t-il dit, de l'un de ses
amis turcs.
Le 2 reproductions ci-après leur sont d'ailleurs dues. Qu'ils en soient
grandement remerciés.
De Millo tenant sa promesse
Je vous propose, ci-dessous,
le début d'une petite histoire de Devi qu'il a dessinée à l'époque
où il était à ALPE.
Elle a été publiée en mars 1953 dans le n°3 de CUCCIOLO, parmi des histoires
de Pipo, Concombre, Buffallo Brill et autre Papa
Graindecel.
C'est une histoire entièrement inédite en France et qui n'est parue qu'une seule
et unique fois en Italie.
A ce titre elle constitue, à elle seule, une curiosité (voire une rareté) et
se situe dans cette période d'après guerre où les récits et aventures dessinés
devaient comporter une morale couplée, bien souvent, à une fin heureuse.
Ce petit conte n'échappe pas à la règle mais, même s'il a vieilli, même
s'il comporte beaucoup de textes et paraît un peu désuet, après tout il est
bien prenant et se laisse lire avec une certaine facilité.
Il faisait partie de cette panoplie de fables, historiettes, mythes et légendes
dessinés par des gens comme Gherlizza, Guzzon, Buffolente
etc... et qu'ALPE publiait depuis des années dans chacun de ses fascicules,
que ce soit CUCCIOLO, GAIE FANTASIE ou bien d'autres, mais y compris dans des
livres illustrés que la grande maison milanaise produisait également.
En effet, Elena Mignucci,
scénariste de cette historiette, était d'ailleurs l'un de ces écrivains attachés
à la maison ALPE et qui produisait habituellement des textes et histoires destinés
à ces livres illustrés (dont quelques-uns étaient parfois convertis en
bd, comme ce fut le cas pour Millo).
D'aucuns disent même qu'Elena Mignucci ne serait autre que Leonello Martini.
Mais bon, allez savoir...
En tout cas, pour mettre en dessin ce petit conte de Millo, il a été fait appel
à Devi qui le mena à bien selon les éternelles 12 planches règlementaires
à ne pas dépasser, d'où le condensé de l'histoire...
Le lettrage en français n'a pas été une mince affaire dans
ce cas, dans la mesure où les bulles étaient déjà
faites et adaptées au texte italien. Il a fallu alors ruser et chercher
à caser les paroles françaises dans le même espace, tout
en veillant au sens du texte de façon à ce qu'il fut identique.
Mais, après quelques migraines et contorsions, nous y sommes arrivés
quand même...
(Remerciements à R. Carminati et à H. Bernier pour leur concours
à la bonne réalisation de cette opération)
A suivre...
De L'Aigle de Clermont, partie 4
De toute l'oeuvre de Devi,
cette 4ème partie de l'Aigle de Clermont est la plus élaborée
de ses bandes car elle a été terminée vers mars 1961, alors
que Lug ne l'employait déjà plus.
Contemporaine de la fin de Mirko, le graphisme est vraiment celui qui a accroché
les gamins de l'époque et qu'ils n'ont jamais oublié.
Il est dommage que cet auteur n'ait pas poursuivi dans ce domaine car il nous aurait fourni de bien belles bandes.
Je vous propose ci-dessous un ensemble de vignettes tirées de cette 4ème partie de l'Aigle de Clermont et intitulée: "Le cavalier sans nom".
Diane de Méridor
dans le logo du Cavalier sans Nom.
Episode 1 - planche 3.
Episode 2 - planche 11.
Episode 3 - planche 3.
Episode 4 - planche 7.
Episode 5 - planche 11.
Episode 6 - planche 10.
Episode 7 - planche 3.
Episode 8 - planche 10.
Episode 9 - planche 10.
Episode 10 - planche 3.
Episode 11 - planche 2.
Episode 12 - planche 7.
Episode 13 - planche 11.
Episode 14 - planche 8.
Episode 15 - planche 11.
Episode 16 - planche 8.
Episode 17 - planche 2.
Episode 18 - planche 3.
Episode 19 - planche 8.
Episode 20 - planche 7.
Episode 21 - planche 8.
Episode 22 - planche 11.
Episode 23 - planche 2.
Episode 24 - planche 8.
Episode 25 - planche 7.
Episode 26 - planche 11.
De Tropea
Tropea est le nom de la petite ville calabraise où est né Antonio De Vita. Elle a la particularité d'être située sur un éperon rocheux dominant la mer et possède en outre un très beau monastère construit sur une petite île.
Ci-dessous, quelques photos de cette ville et de la maison natale de Devi, via Glorizio.
La ville de Tropea
Le monastère
L'escalier pour se rendre
au monastère (à genoux)
Le monastère
La maison natale de Devi...
...rue Glorizio
De ZA la Mort:
Lors de l'un des entretiens
que j'ai eus avec Devi, en 2002, alors que nous évoquions son passé
italien, il me dit se rappeler avoir également dessiné sous un
pseudonyme, en début de carrière et à l'époque où
il signait par ailleurs "A. De Vita".
C'est ainsi que l'on retrouve la bande ZA LA MORT dessinée de sa main
mais paraphée par Ottavio Endina qui n'est en fait rien de plus que l'anagramme
d'Antonio De Vita.
Exploitant cette information,
outre les ZA LA MORT de l'éditeur STELLISSIMA, j'ai retrouvé une
autre bande, recensée par le guide italien sur la BD* comme étant
d'Endina et donc qui serait due à Devi. Il s'agit de LE GRANDI AVVENTURE
de l'éditeur ICE. La seule chose qui semble ne pas aller cependant, concerne
la date de parution mentionnée dans ce guide, soit 1945. Est-ce une erreur
de cet ouvrage sur la date? sur l'auteur?
C'est un point à éclaircir (et du grain à moudre pour les
professionnels italiens).
Par ailleurs, un critique italien (Antonio Guida), m'a signalé retrouver le nom d'Ottavio Endina sur la série MASCHERA BLU (de juin à décembre 1947) chez l'éditeur SPORTIVA de Vincenzo Baggioli. Ce qui est plus cohérent puisque Devi était à Milan depuis avril 1947 et qu'il a oeuvré chez Baggioli avec notamment IL FIGLIO DELLA PRATERIA.
*Guida al fumetto italiano - Gianni Bono.
Du peu de considération des maisons d'édition:
Vous allez voir ci-dessous 2 planches de l'oeuvre de Devi, parues, l'une en Italie en 1953 chez Alpe dans GAIE FANTASIE et l'autre, en France, à la SAGE en 1954 dans LE PETIT SHERIFF. Vous allez constater que des différences sont présentes entre les 2 éditions:
Alors que l'édition italienne
propose 3 bandes successives sur une page, l'édition française, elle, affiche
4 bandes sur une page.
Pour quelles raisons: Economie de papier? rentabilité? format français supérieur?
De plus, l'édition italienne est en bichromie 1 page sur 2, l'édition française
étant traduite en noir et blanc.
Mais les différences ne
s'arrêtent pas là. A y regarder de plus près, on décèle un certain nombre de
choses dissemblables entre les 2 éditeurs français et italien.
Pour commencer, dans le coin inférieur droit, la planche italienne est numérotée
"1" et la planche française, elle, est numérotée "97/1" (97 étant le numéro
du "Petit Shériff" dans lequel est paru le conte de Devi)...
Or voyons maintenant d'un
peu plus près ces 2 planches.
Débutons par la bande de titre. Ci-après, successivement la 1ère vignette
de l'édition italienne et celle de l'édition française. Les différences sont
quand même manifestes:
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Arbre et rocher au premier plan, à gauche, rallongés
Dans la version française, la vignette a été redessinée de part et d'autre: l'espèce d'arbre mort au premier plan et le rocher, à gauche, ont été rallongés par rapport au dessin italien; on voit même distinctement une ligne verticale qui trahit le rajout par un stylisé hachuré et noirci pour donner une certaine consistance au décor.
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De même le château à droite est rallongé de quelques herbes sauvages, sans doute pour tenir le format. Mais le pire est que dans la version française, la SAGE ait effacé la signature de Devi, signature que l'on aperçoit quand même dans le fameux cartouche oblong de l'impression italienne.
Comment vouliez-vous à ce moment là retrouver, en France, la signature de l'auteur. A se crever les yeux... Il n'y avait rien... Nulle part ailleurs je n'ai pu dénicher une signature... Et ce n'était malheureusement pas le seul ouvrage à être ainsi.
Effacer les noms, modifier les dessins, dénotaient vraisemblablement à l'époque d'un profond mépris du dessinateur et de son travail...
Et puis, ce n'est pas tout.
Ci-dessous vous avez, à réglage de scan strictement égal, une bande de l'édition
italienne et son équivalent en français.
J'ai été fort surpris en consultant d'une manière détaillée les 2 ouvrages,
de la différence, assez sensible au demeurant.
La vignette française est plus petite en hauteur, moins nette, moins détaillée,
plus sombre. Les contours sont moins précis. Je me suis alors demandé soudain
si, à l'époque, ils ne se contentaient pas de faire de simples photocopies des
éditions italiennes, de quelque façon que ce soit, raison pour laquelle le nom
du dessinateur était gommé... D'autres exemples ont d'ailleurs conforté cette
opinion.
Regardez sur cet d'exemple, l'ouverture grillagée en haut à gauche des 2 bandes: la différence de netteté est visible... De plus, le dessin est là aussi rallongé, sur la gauche, dans la vignette française...
Les exemples sont nombreux et je ne vais bien sûr pas tous les passer en revue. Il est simplement à regretter que la qualité de la bd laissait vraiment à désirer. BD populaire oblige?
De la difficulté de rechercher un inconnu:
En
avril 2001, dans les rue de Gênes, je déniche une librairie de bd anciennes.
Je regarde la vitrine bien achalandée et je vois, parmi les nombreuses couvertures
multicolores, les 3 strisce du FILS DE LA PRAIRIE.
Je rentre donc dans le magasin où le vendeur était affairé avec ses clients.
Après quelques minutes, je lui demande le prix de ses strisce. Sa réponse
me fait reculer. Une véritable spéculation. Plus de 100€ pièce. Je lui demande
alors s'il a d'autres choses du même dessinateur mais il me répond que le dessinateur
n'est pas très connu et que la valeur des bandes est due à leur ancienneté
et surtout au scénario de Cesare Solini.
"Ah non? Pas connu? Savez-vous qu'il a dessiné du RAZZO BILL!" lui dis-je.
"Quoi? Du RAZZO BILL? Sûrement
pas!. C'est Francesco Gamba!"
Et il me sort un tas de RAZZO BILL que je regarde, un à un.
Effectivement, pas une signature "De Vita" sur les couvertures ni à l'intérieur.
Mais en sortant le reste des fascicules de la profondeur de leur boîte, j'en
trouve quelques-uns avec la fameuse signature...
Là, évidemment, le vendeur s'est bien rendu à l'évidence. Mais il ne connaissait quand même pas. Et puis ça ne semblait pas l'intéresser...
Et des marchands comme
cela, il y en avait quand même pas mal, qui connaissaient seulement les
classiques de la bd italienne.
Antonio De Vita? Connais pas. Devi? Il piccolo Duca? C'est quoi ça...
A noter qu'à l'époque des RAZZO BILL, Devi signait "A. De Vita". Ce n'est que vers 1950 qu'il commença à signer "ADV" ou "DVA" puis "DEVI".
Le médaillon de "Razzo Bill"
tel qu'il paraissait dans les fascicules.
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Les différentes signatures de Devi de 1948 à nos jours
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